Inauguration d’une plaque commémorative du passage de Napoléon 1er à Escragnolles

Plaque Napoléon Escragnoles     La grande et belle salle de la mairie d’Escragnolles a rarement vu depuis qu’elle existe une assistance aussi nombreuse que celle qui se pressait, dimanche après-midi, à la conférence donnée par l’abbé Chaperon, chevalier de la légion d’honneur et président du syndicat d’initiative de l’Artuby. Venu pour inaugurer une plaque commémorative rappelant la visite faite par Napoléon 1er, le 2 mars 1815, à la mère du général François Mireur, enfant d’Escragnolles, ce prêtre, connu et apprécié, depuis trente ans dans toute notre région, a su intéresser et faire vibrer son auditoire captivé. Au début, M. Guérin, maire de la commune, assisté de son adjoint M. Carlavan, avait présenté l’orateur en termes délicats et élogieux, annonçant que la population serait charmé de l’entendre. Cette prévision s’est pleinement réalisée. Avec toutes les références à l’appui, l’abbé Chaperon a évoqué les principaux épisodes de l’histoire locale : le lointain passé celto-ligure ; la période romaine ; l’envahissement sarrasin, les temps monastiques et la construction des chapelles Saint-Pons et Saint-Martin au XI° siècle ; l’anéantissement d’Escragnolles par Raymond de Turenne à cause de la fidélité de ce village à la Reine Jeanne ; le repeuplement du pays en 1468 avec des familles génoise, venant de Mons, et, à cette occasion, l’introduction du dialecte « figon » ; l’incendie et le pillage de l’église Saint-Pons pendant la guerre de religion ; les terribles déprédations commises au préjudice des habitants, réduits à la famine, durant l’hiver de 1746, par les bataillons esclavons que d’Orméa et Novati conduisaient à Castellane contre l’armée franco-espagnole de Belle-Ille et, enfin, la vie glorieuse du plus illustre des enfants d’Escragolles, le général François Mireur, dont le nom est gravé, à Paris, sur l’Arc de Triomphe. Avec une chaude éloquence, l’orateur a suivi pas à pas dans sa prodigieuse carrière ce jeune médecin qui fit adopter par le bataillon des volontaires marseillais de 1792 le chant encore inconnu que Rouget de Lisle avait composé, deux mois plus tôt, chez le maire de Strasbourg. Il a rappelé l’héroïsme de François Mireur, ami intime de Bernadotte, promu général de brigade à 26 ans, collaborateur de Marceau, de Berthier et de Kléber tombé glorieusement, à 28 ans, au combat de Damanhour en Egypte. En terminant, M. Chaperon a rappelé le souvenir gracieux d’un poète local, Pons Rebuffel, mort en 1914, que Séverin avait gentiment surnommé le Pétrarque de la Siagne. En quittant la Mairie, entouré de quelques membres du Syndicat de l’Artuby et escorté de toute la population, l’abbé Chaperon est allé déposer une palme devant le monument aux morts de la grande guerre. Le cortège s’est disloqué devant l’Hôtel Jouan lorsque le voile recouvrant la plaque commémorative a été enlevé. Bonne et mémorable journée pour Escragnolles. Petit Niçois, 7 mars 1933.