Aricle de presse du 10 février 1924, U.S.A.

L’AIDE FRANCAISE EN ORIENT Sommaire : La grande détresse arménienne -réponse de la France à l’appel des infortunés.- Un aumônier héroïque : l’abbé Jules Chaperon- Ses oeuvres de bienfaisance.- Sa tournée aux Etats-Unis au profit des orphelins abandonnés. Tout le monde sait en quel état de détresse s’est trouvé le Proche-Orient à la suite de la révolution khémaliste.  Plusieurs millions de chrétiens de toutes confessions se sont vus dépouillés de leurs biens, chassés de leurs demeures et condamnés à la plus atroce misère. Devant un tel désastre, les nations civilisées se sont émues et ont fait leur possible pour soulager si grande infortune L’Amérique, toujours généreuse, fut une des premières à intervenir. Des organisations charitables, telles que « Near East Relief », ont fait un bien immense et sauvé nombre de vies humaines. La France, elle aussi, depuis des siècles,  protectrice des chrétiens d’Orient, ne pouvait rester indifférente à l’appel de détresse. Malgré ses charges écrasante, elle a, dès la première heure, apporté son aide, distribué des secours, recueilli les sinistrés, soigné les malades. Elle fait beaucoup plus encore : elle a accordé aux réfugiés la plus large hospitalité. Environ deux cent mille Arméniens ont trouvé chez nous un asile bienveillant et les moyens de se refaire un foyer. La marine française a transporté gratuitement les fugitifs jusqu’à Marseille. Quand aux orphelins, beaucoup ont été adoptés par des familles françaises ; d’autres sont soignés par des institutions charitables. Un prêtre de grand mérite, l’aumônier militaire  Jules Chaperon, a joué dans ce sauvetage en masse des Arméniens un rôle si important que son nom reste attaché à cet épisode de l’histoire contemporaine. Les autorités militaires, en lui confiant cette œuvre, ne pouvaient mieux choisir. L’homme est à la fois un soldat et un apôtre, attachante figure de prêtre toujours disposé à se sacrifier pour autrui. Blessé de guerre, titulaire d’une quinzaine de décorations, entre autre la Légion d’honneur et la Croix de guerre, honoré de six citations à l’ordre du jour, son mérite n’a d’égal que sa modestie. Son chef, le général Gouraud a fait  dans une citation datée du 5 octobre 1920, un beau portrait de lui : «  L’aumônier Jules Chaperon est légendaire à la colonne d’Aïn-Tab pour son courage, son dévouement, son  âme ardente de prêtre et de soldat. Vivant exemple du devoir ; toujours sur la brèche aux endroits les plus dangereux. Le 5 octobre 1920, à l’attaque de l’Ecole Nighosian , à Aïn-Tab, il a conquis l’admiration de tous : est allé sous le feu de l’ennemi, rampant sous les créneaux des mitrailleuses turques, ramasser des blessés qu’i a réussit à ramener dans nos lignes. » D’autres part, ce héros s’était déjà, bien longtemps avant la guerre, consacré aux œuvres charitables : il a fondé dans les montagnes du Var un orphelinat où il a, par ses seules ressources, recueilli et soigné depuis 1913 plus de 200 personnes, entre autres des orphelins, des communautés religieuses   orientales et l’évêque d’Angora. Tel est l’homme qui vient aujourd’hui demander aux Américains leur obole pour l’entretien des ses œuvres. Il entreprend à travers les Etats –Unis une tournée de conférences dont le produit sera affecté aux orphelinats qu’il a fondés et qu’il dirige. Il est accompagné de M. Jean Gontard, agrégé de l’Université de Paris, ancien professeur à l’Université de Californie, auteur de plusieurs livres sur l’Amérique, ou il a vécu près de dix années, et un volume sur « Paris au travail » dont la critique fait les plus grands éloges. Le produit de la vente des ouvrages du professeur Gontard sera également consacré aux œuvres du prêtre j. Chaperon, lesquelles ne sont pas exclusivement réservées aux Arméniens, mais secourent aussi beaucoup de petits orphelins français pré-tuberculeux, dans le midi de la France. Nous ne saurions trop recommander nos deux distingués compatriotes  au bon accueil de tous nos amis d’Amérique. Les personnes désireuses de donner leur obole, si modeste soit-elle ; les sociétés ou clubs disposés  à organiser une conférence et à entendre l’un ou l’autre des deux conférenciers, peuvent s’adresser à New-York, à l’hôtel Chelsea, Ouest, 23è rue et 7è avenue, ou au consulat général de France, 9 Est, 40è rue.   Dimanche 10 Février 1924.

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