Les débuts pittoresques de Notre Montagne à La Martre

Historique de l’œuvre Notre Montagne
  1. Débuts pittoresques  à La Martre
Sources : L'enfance abandonnée La Martre (1914 et 1922) et Azur de France (1927) .  
C'est en 1903 que l'abbé Jules Chaperon, âgé de 27 ans,  arrive à La Martre pour y prendre la charge de curé des villages de Brenon, Châteauvieux et La Martre. Il semble qu'il ait été ébloui par ce paysage, par son climat et une végétation qu'offrait cette très belle région provençale du haut Var. En même temps, il découvrait la dureté des conditions de vie de ses habitants vivant dans une région retirée, loin de l'essor touristique côtier et survivant pour la plupart en totale autarcie dans de vieilles habitations dépourvues de tout confort ou commodités.
Le premier texte de 1914 est une description de la région du haut Var. Les deuxième et troisième textes (1914, 1922) témoignent des difficultés rencontrées  lors de la création de l'oeuvre Notre Montagne.
1   "dans les riantes montagnes qui sous le grand soleil de Provence étagent au-dessus de la Côte d'Azur leurs plateaux lumineux et verdoyants, sur les confins du Var, des Alpes Maritimes et des Basses Alpes, dans un voisinage de la station estivale de Thorenc, à 50 kilomètres de Grasse et de Draguignan, au bout d'une jolie route qui serpente à travers des paysages incomparables, se trouve en un climat très pur à 1 000 mètres d'altitude, parmi les bois et les sources, un petit village blotti au soleil, entre trois collines protectrices.
Cette poétique solitude s'appelle La Martre."  Jules Chaperon (1914)

2 "...La route nationale de Nice à Lyon passe à proximité de ce désert. Pour se rendre à La Martre il faut quitter cette grande voie à la station du Logis du Pin, modeste auberge, ancien relais des diligences où l'autobus Grasse-Castellane fait halte et d'où part l'embranchement de Thorenc. A cinq kilomètres de là, après avoir suivi dans la direction Ouest les capricieux méandres de la rivière à travers les bois et les prairies du Plan-de Finiel on entre dans un couloir de roches en effritement qui débouche bientôt sur le village de La Martre". Jules Chaperon (1922).

 3  "Si nous arrêtons nos regards aux premiers jours de l’œuvre, ceux d’entre nous qui se souviennent, revoient l’humble berceau où elle prit naissance. Dans ce misérable hameau de La Martre, petite agglomération de masures basses et branlantes, aux murs lézardés et décharnés, le presbytère rivalise de délabrement avec les maisons adjacentes.
   Dès le début ses cinq petites pièces humides et dégradées dont les plafonds bas semblent  avoir été faits pour des Esquimaux, deviennent le refuge des sans-abris qu’un destin apaisé a fini par diriger vers ce pauvre village perdu dans la montagne, à mi-côte d’une colline pierreuse et aride. On a beau se serrer, la place manque bientôt et la population loqueteuse de la maison du prêtre déborde dans les fenils voisins au grand mécontentement de leurs propriétaires.
   Une veuve âgée vient à mourir au hameau du Plan d’Anelle, situé à quatre kilomètres de La Martre. On achète aux héritiers son antique bicoque, composée uniquement, à part deux chambres, de remises, d’écuries et de greniers à foin.  Pendant sept ans, de 1906 à 1913, l’œuvre est écartelée entre ce nouveau gîte et le presbytère de La Martre. Elle nourrit, habille et soigne de quinze à vingt hospitalisés, enfants et adultes. Deux personnes font le service. Un vieux bourriquot, grave et têtu, transporte les provisions.
    Pour donner du pain à tout ce monde l’infortuné fondateur n’a que son petit journal « Notre Montagne » qui bat quelquefois le rappel de la charité à travers la Provence et même en Amérique. Parmi son millier de lecteurs il s’en trouve parfois qui cèdent à la compassion et envoient quelques aumônes.
   En 1912, une vieille maison située en bordure du village de La Martre est en vente. Comme toutes les autres cahutes voisines, elle est dans un état effroyable de délabrement, mais elle a des dimensions  plus grandes que les logements occupés jusque là. Elle est acquise pour y installer l’œuvre et, bientôt, transformée en habitation saine et à peu près confortable. Mgr l’Evêque de Fréjus, entouré d’un nombreux clergé, vient l’inaugurer le 15 août 1913.
   Bien vite les coins et recoins  du nouveau logis regorgent d’enfants cachectiques à soigner et guérir. En quelques mois une nouvelle maison est élevée à côté et aussitôt remplie." Jules Chaperon  (1927)
 

STATISTIQUES DES ACTES DE L’ASSOCIATION DE 1903 A 1926

(Sources:  Azur de France 1927)
   Depuis sa fondation, le 1er octobre 1903 jusqu’au 24 octobre 1926, l’intervention de l’œuvre a été réclamée pour 3600 personnes, enfants et adultes.
   Le nombre des interventions efficaces a été de 1514. Le décompte de ces 1514 cas s’établit ainsi :
  - Vieillards ou malades ayant été entièrement à la charge de l’œuvre pendant des séjours variant entre plusieurs mois et plus de vingt ans :…………………………………………………............35
  - Militaires blessés soignés pendant la guerre …………………………………………………………………55
  - Enfants français élevés par l’œuvre ……………………………………………………………………………   240
   -Enfants arméniens, bulgares, russes, serbes, etc., hospitalisés dans les refuges créés en Orient puis conduits en France et placés dans des familles ……………………………………………...............315
  - Chrétiens  adultes exilés d’Asie Mineure, amenés en France aux frais de l’œuvre avec secours de l’Etat et pourvus d’une situation en France ……………………………………………………................864
   -Français nécessiteux secourus à New-York en 1925…………………………………………………………...5

                                                                                                                                          Total :        1514